Le cuivre et l'argent de la Corinne


L'engloutissement de la Corinne
au large du Brésil

 
 by Pascal Kainic

 

Rapport du Capitaine Servant commandant le navire "Corinne", naufragé:

Je suis parti de Valparaiso le 26 décembre avec un chargement composé de métaux, cuirs vert, cafés, grains de luzerne et espèces monnayées.

Ma traversée jusqu'au détroit de Magellan n'a été qu'une longue série de vents contraires. La mer souvent très grosse occasionnait de fortes fatigues au navire et lui faisait faire un peu d'eau...

Le 26 janvier, les vents soufflaient au N.N.O, je donnais dans le détroit avec toutes voiles possibles. A 10 heures du matin, nous étions bord à bord avec un 3 mâts chilien venant du port Famine...

Du 1er au 2 avril, le temps toujours le même, la mer houleuse, le navire fatigant beaucoup par les roulis successifs, je fis pomper comme d'habitude, la sonde marquant toujours de 60 à 65 centimètres d'eau.

Vers 2 heures environ, le navire éprouva deux forts coups de roulis, déterminant par leur violence mes inquiétudes. Presqu'aussitôt, l'officier de quart appelle aux pompes en les faisant jouer par 4 hommes pendant une demi-heure après que je puis remarquer que la hauteur  de l'eau qui restait dans la cale dépassait l'échelle d'indication de la sonde allant jusqu'à 18 pouces.

Je sondais de nouveau moi-même et acquis la conviction  qu'il y a avait au moins 1 mètre d'eau dans la cale. Je fis monter immédiatement tout l'équipage sur le pont, les pompes jouant sans cesse, mais avec impossibilité de pouvoir les franchir; l'eau augmentait continuellement et le déversant des pompes ne pouvait plus suffire.

Je fis carguer les basses voiles et je restais en panne sous le grand hunier; le navire dans cette position était dégorgé et paré à l'évènement que je devais pressentir déjà. Les pompes ne fournissaient plus l'entretien de la rentrée de l'eau dans la cale dont la hauteur était telle qu'elle se faisait  entendre en dessous du poste de l'équipage et montait toujours.

Le navire avait déjà une inclinaison sur l'avant. Dans ce péril imminent et devant la puissance de la voie d'eau qui envahissait le navire, une seule décision était à prendre; un seul cri du reste, poussé par l'équipage l'eut indiqué surabondamment.

Les embarcations à la mer ! Les embarcations à la mer !!

Je fis donc passer mes deux embarcations y compris leurs armements. Leur mise à la mer me parut long en égard à l'inquiétude toujours croissante que j'éprouvais pour le salut de mon équipage et le peu d'hommes que j'employais à ce travail.

Je jugeais par l'envahissement toujours croissant de l'eau, qu'il m'était impossible de tenter même le sauvetage des valeurs que j'avais à bord. J'ordonnais donc l'embarquement immédiat de l'équipage dans les embarcations à la mer, le navire roulait toujours énormément et l'eau déjà sous mes pieds.

Ce qui s'opéra sans évènement à déplorer. Mon second pu seulement embarquer 60 livres environ de biscuits, 3 litres d'esprit, un compas et  presque tous les papiers du bord.

Après m'être assuré que tout l'équipage était sauf dans les embarcations à la mer, je quittais le navire, m'embarquais et fit pousser aussitôt au large afin d'éviter les suites que pouvait amener le remous du navire en s'engloutissant.

Je n'avais que trop bien prévu ce terrible évènement et à peine étions nous à 1/4 de milles de distance du navire que nous le vîmes disparaitre à nos yeux et l'engloutir pour toujours...

Les assureurs du navire et de la cargaison devinrent très suspicieux quant aux déclarations du capitaine et de l'équipage de la Corinne. La cargaison était très riche en lingots de cuivre, barres d'argent et espèces monnayées.

Etait-on en présence d'une fraude à l'assurance, aussi appelée baraterie à l'époque ? Nous somme au 19ème siècle et de nos jours rien n'a été inventé dans ce domaine.

Le dossier reste ouvert jusqu'au jour où il sera possible de repérer et de sauver l'épave de la Corinne et ses supposés trésors...!

 





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